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FORMATION

Amandine Bibard, ingénieure agronome, épidémiologiste, doctorante et mère de 4 enfants

A 41 ans, Amandine Bibard débute cette année son doctorat en épidémiologie à VetAgro Sup et va conduire pendant 3 ans des recherches sur la fièvre catarrhale ovine au sein d’un partenariat public/privé entre Boehringer Ingelheim et VetAgro Sup. Ses travaux permettront de créer des outils d’aide à la décision afin d’anticiper au mieux l’émergence de nouveaux sérotypes[1] de cette maladie. Avec son parcours diversifié, Amandine a une vision transversale des problématiques de santé animale, environnementale et humaine qui font sens avec les missions et la vision One Health portées par VetAgro Sup. Elle nous en dit plus sur son parcours, ses travaux et ses motivations !

Sa thèse, menée avec l’école doctorale des sciences de la vie, santé, agronomie et environnement de Clermont-Ferrand, est co-financée par Boehringer Ingelheim et la mesure « Préservation de l’emploi R&D » du plan France relance[2]. Elle est encadrée par le professeur Karine Chalvet-Monfray, directrice adjointe de l’UMR EPIA[3], le docteur Thibaud Porphyre, titulaire de la chaire en santé publique vétérinaire[4] et chercheur au LBBE[5] ainsi que par Boehringer Ingelheim.         

Un parcours aux multiples facettes

« Mon profil de doctorante est effectivement assez atypique. J’ai 41 ans et suis maman de 4 enfants. Après mes études d’ingénieur agronome, complétées par un master en pharmaco-épidémiologie, j’ai eu l’opportunité de rejoindre l’industrie pharmaceutique vétérinaire chez MERIAL puis Boehringer Ingelheim, où j’ai œuvré pour la recherche et le développement de nouveaux vaccins. J’ai notamment passé 7 ans dans les opérations cliniques animaux de production, qui évaluent l’innocuité et l’efficacité de nos vaccins.

J’ai ensuite pu évoluer vers de la gestion de projets internationaux où j’ai accompagné des équipes pour développer et enregistrer des vaccins de nombreuses gammes, mais plus particulièrement pour les maladies dites « réglementées », c’est-à-dire celles qui ont un fort impact économique et social, et qui relèvent de la santé publique vétérinaire.

Après 15 ans de vie professionnelle, je ne pensais pas réalisable de revenir dans le milieu universitaire et prétendre à un doctorat. C’est une conjonction de plusieurs opportunités qui m’a amené à me lancer dans ce projet : mon entreprise qui m’a soutenue depuis le début, des experts académiques qui m’ont fait confiance, un sujet d’étude passionnant et un financement accordé. La décision finale s’est bien sûr faite en famille et c’était maintenant ou jamais ! »

Une thèse en santé publique vétérinaire pour orienter la stratégie vaccinale

« Je vais travailler sur une maladie bien connue des éleveurs d’ovins et bovins : la fièvre catarrhale ovine. L’Europe a connu une forte épizootie de cette maladie en 2006-2008 et de nombreux cas sont encore régulièrement diagnostiqués dans différents pays. Plus précisément, mon sujet de thèse est “Assessing the relative risk of emergence of novel bluetongue serotypes in the United States of America, Australia and Europe”. J’étudierai ainsi 3 régions d’intérêt : l’Europe, les Etats Unis et l’Australie.

Comme je viens de débuter, je suis actuellement dans une phase de découverte des laboratoires, des experts scientifiques du domaine et des autres doctorants. Je focalise aussi mon travail sur la revue de la littérature scientifique qui va me permettre de mieux appréhender mon sujet et de comprendre les manques dans les connaissances actuelles.

Mes travaux déboucheront sur la création d’outil d’aide à la décision pour Boehringer. Ceci devra orienter les choix stratégiques de demain pour l’élaboration de nouveaux vaccins pour cette maladie. J’espère aussi, après le doctorat, pouvoir mettre en pratique mes connaissances acquises au service d’autres maladies et notamment de zoonoses. »

Maladies émergentes, un sujet qui nous touche tous

« Savoir appréhender les risques d’émergence de maladie émergentes (les comprendre, savoir méthodologiquement les évaluer et les estimer…) est un sujet essentiel qui nous touche tous, notamment en cette période de pandémie de covid.

Mon sujet de thèse soulève ainsi beaucoup de problématiques différentes, comme les relations entre le pathogène et son insecte vecteur (culicoïde – petit moucheron piqueur), l’impact de l’environnement sur les facteurs de risque d’émergence et comment les modéliser à partir de données de terrain. Cette thèse m’amènera à couvrir beaucoup de domaines différents comme la biologie, l’écologie, l’entomologie, l’environnement, la modélisation mathématique ; et cette ouverture vers des domaines qui me sont aujourd’hui méconnus est un facteur de motivation essentiel.  Plutôt orientée « techniques d’élevage » pendant mes études, je vais, grâce à cette thèse, intégrer davantage l’aspect environnemental et donc apprendre encore beaucoup grâce à toutes les personnes qui m’accompagneront.

La fièvre catarrhale ovine n’est pas strictement une zoonose, c’est-à-dire qu’elle ne se transmet pas directement de l’animal à l’homme mais le moucheron piqueur peut être porteur d’autres virus comme le virus oropouche, qui lui est transmissible à l’homme. Le partage des connaissances acquises sur l’écologie de cet insecte vecteur participera donc aussi à d’autres avancées scientifiques. »

One Health, des partenariats et une vision qui font sens

« Bien ancré dans la recherche académique mais encore tout récent dans le milieu de l’industrie, le concept One Health et l’imbrication des 3 santés : humaine, animale et environnementale, a selon moi une place prépondérante dans l’anticipation et la prévention des risques sanitaires. Boehringer Ingelheim cherche à renforcer les inter-connexions entre santé animale et santé humaine à l’échelle nationale et développe sans cesse son portefeuille de vaccins contre les maladies zoonotiques (rage et Rabisin ; vaccins Salmonelles contre les toxi-infections alimentaires…). Avec 8 autres acteurs majeurs de l’écosystème de santé dont VetAgro Sup, BI a également créé l’année dernière le HUB VPH[6] (veterinary public health), un centre d’expertise public/privé en Auvergne-Rhône-Alpes.

Enfin, plus récemment, Boehringer a initié un partenariat avec Equiphoria pour évaluer l’apport de l’équithérapie pour les patients atteints d’AVC.

Pour moi, les partenariats publics / privés ont ainsi toute leur place dans le développement One Health car, même si nous ne parlons pas toujours le même langage le travail collaboratif est un pré—requis indispensable à une lutte efficace et rapide dans la lutte des maladies émergentes. La crise covid en est un exemple flagrant. » 

[1] Ensemble des caractéristiques de certains micro-organismes (bactéries, virus…) permettant de différencier des souches appartenant à une même espèce. vaccination-info-service.fr

[2] Convention ANR-21-PRRD-0075-01 / Plan national de relance et de résilience (PNRR)

[3] Unité mixte de recherche INRAE/VetAgro Sup : « Epidémiologie des maladies animales et zoonotiques »

[4] Chair in Veterinary public health : chaire industrielle IDEX-Lyon en santé publique vétérinaire (SPV), financée par l’Université de Lyon et Boehringer Ingelheim, lancée en 2020 par l’Université Claude Bernard Lyon 1 et VetAgro Sup, en partenariat avec Boehringer Ingelheim, le CNRS et l’Université de Lyon.

[5] Unité mixte de recherche CNRS/Université Claude Bernard Lyon 1/VetAgro Sup : « Laboratoire Biométrie et Biologie Evolutive »

[6] Cette initiative conjointe « Académiques & Industriels » est portée par Boehringer Ingelheim, le CNRS, l’Université de Lyon, l’Université Claude Bernard Lyon 1 et VetAgro Sup. Elle s’inscrit dans le cadre du projet IDEX « Biosanté & Société » https://hub-vph.org/fr/accueil/