A l’heure du Covid-19, la [sur]vie est rythmée par le souffle des respirateurs. Mais que sont ces machines d’assistance respiratoire qui ventilent les patients, animaux ou humains, dans les structures hospitalières ?
Respirateur, ventilateur, deux termes pour une même technologie, qui sert à suppléer la fonction respiratoire d’un animal ou d’une personne lorsque celle-ci est défaillante et ne permet plus d’apporter de l’oxygène en quantité suffisante dans le sang.
Bien souvent, il s’agit d’une situation médicale d’urgence rencontrée en médecine humaine ou en médecine vétérinaire. Lorsque l’on recourt à ces machines, on parle alors de ventilation artificielle laquelle est mise en œuvre par un réanimateur pour des malades admis en service de réanimation. Pour ce faire, le patient, anesthésié obligatoirement, doit être intubé, c’est-à-dire qu’un tube (appelé sonde endotrachéale) est descendu depuis la bouche jusque dans sa trachée. Ce tube est ensuite relié, par un tuyau, au respirateur. Ce dernier insuffle alors (selon un volume, une pression, une fréquence prédéfinis), les poumons de l’homme ou de l’animal à l’aide d’un mélange oxygène / air, afin de favoriser les échanges de gaz entre les poumons et le sang (permettant la captation de l’oxygène par le sang et l’évacuation du dioxyde de carbone depuis le sang vers les poumons puis l’extérieur).
SCHÉMA DU FONCTIONNEMENT D’UN RESPIRATEUR
Mais au début de la défaillance respiratoire, avant le placement sous ventilation artificielle, la première mesure mise en œuvre consiste à apporter de l’oxygène supplémentaire à celui qui en manque, c’est ce qu’on appelle l’oxygénothérapie, qui peut être fournie notamment par des concentrateurs en oxygène. Si cette oxygénothérapie s’avère insuffisante et que l’on constate que le patient ne s’oxygène toujours pas correctement, on a alors recours à la ventilation artificielle qui va permettre de déployer les poumons du patient de façon plus efficace que si on le laisse respirer spontanément.
En médecine vétérinaire comme en médecine humaine, il existe deux principales situations cliniques où l’on utilise la ventilation artificielle : l’anesthésie, et la réanimation et les soins intensifs.
Lors d’anesthésie, les effets des molécules de l’anesthésie et de l’analgésie peuvent conduire à une altération des capacités respiratoires de l’anesthésié qui peuvent obliger le soignant à recourir à la ventilation artificielle. Certaines interventions chirurgicales touchant la cavité thoracique notamment (ex : chirurgie cardiaque ou pulmonaire) obligent également à placer le sujet opéré sous ventilation artificielle car les mouvements respiratoires ne sont plus possibles, une fois le thorax ouvert.
En réanimation/soins intensifs, la ventilation artificielle est utilisée lors de certaines affections respiratoires qui touchent directement les poumons, créant une inflammation et/ou un œdème pulmonaire, et qui impactent les échanges gazeux ; la ventilation artificielle permet alors de mieux déployer les poumons et au malade de continuer à s’oxygéner. C’est dans ce contexte que les patients humains atteints de coronavirus sont, en fonction de la gravité, placés sous oxygénothérapie puis, si nécessaire, sous respirateur car les lésions pulmonaires ne permettent plus d’échanges gazeux.
SCHÉMA DU FONCTIONNEMENT D’UN RESPIRATEUR
En médecine vétérinaire, d’autres atteintes comme des rétrécissements ou obstructions partielles des voies aériennes supérieures de l’animal (allant des narines jusqu’à l’entrée de la trachée), que l’on retrouve par exemple chez les chiens de type brachycéphale (bouledogue et apparentés), peuvent aussi nécessiter le recours à une intubation et une mise sous ventilation artificielle. Enfin, certaines atteintes du système nerveux ou musculaire qui conduisent à une inefficacité des muscles respiratoires de l’animal, peuvent constituer également une indication de respiration artificielle.
Le matériel utilisé dépend du contexte. Dans le cadre de l’anesthésie vétérinaire, ce sont des respirateurs (dits d’anesthésie) conçus pour un usage chez l’animal qui sont le plus souvent utilisés, même si le recours à des machines destinées à l’homme est également possible chez les carnivores domestiques. Chez les chevaux ou les grands ruminants, ou chez les très petits animaux comme les rongeurs, le matériel utilisé est conçu spécifiquement par les fabricants pour ces espèces.
Dans le cadre de la réanimation/soins intensifs vétérinaires, ce sont des respirateurs spécifiques de réanimation qui sont en général utilisés. Pour les carnivores domestiques voire les poulains nouveau-nés, c’est le plus souvent du matériel conçu pour l’homme qui est utilisé chez l’animal. La médecine vétérinaire bénéficie des techniques et technologies de la médecine humaine et aujourd’hui, l’entraide s’inverse.
En raison d’une technologie partagée entre l’homme et l’animal, les concentrateurs en oxygène et les respirateurs, très recherchés par les établissements de soins humains qui en manquent en cette période du Covid-19, sont mis à disposition des services hospitaliers par les vétérinaires. Révisés et désinfectés par les ingénieurs, ils serviront aux patients présentant une défaillance respiratoire.
Nous sommes au cœur de la médecine partagée, le concept « Une seule santé » cher au Docteur Charles Mérieux qui déclare qu’il n’y a pas de frontières entre médecine humaine et médecine vétérinaire. Cette entraide née spontanément du collectif des vétérinaires et des Ecoles vétérinaires françaises renforce ce lien indéfectible entre les deux médecines. Entraide et coopération, sont les maitres mots de cette santé partagée où chacun trouve bénéfice à échanger ses compétences et son matériel au profit du souffle de l’espoir.