Les animaux domestiques vivant au contact d’humains COVID-19 positifs ont 8 fois plus de risque de posséder des anticorps spécifiques du SARS-CoV-2
La question du rôle potentiel des animaux de compagnie dans l’épidémiologie du SARS-CoV-2 a fait l’objet d’une attention très précoce suite à l’émergence du virus fin 2019, à la fois en raison de la probable origine animale du virus mais aussi de l’existence de coronavirus proches circulant déjà chez les animaux domestiques. L’absence de risque lié aux animaux domestiques a rapidement fait consensus, malgré la démonstration que ceux-ci (notamment les chats) pouvaient, en laboratoire, transmettre le virus à leurs congénères ainsi que l’identification sporadique d’animaux infectés à Hong-Kong et en Belgique puis dans de nombreux autres pays (France, États-Unis, Espagne, Italie, Irlande, Japon…).
Notre équipe pluridisciplinaire associant des vétérinaires, des virologues et des médecins issus de VetAgro Sup, de l’Institut de Recherche pour le Développement de Montpellier, du Centre Hospitalier Régional Universitaire de Besançon, de l’Institut Pasteur et du Centre International de Recherche en Infectiologie s’est fixée pour objectif d’évaluer l’intensité de la circulation du SARS-CoV-2 parmi les animaux domestiques, dans une approche résolument One Health.
Pour cela, l’équipe de chercheurs a prélevé des échantillons sanguins sur deux groupes d’animaux : le premier groupe dont les 47 animaux (13 chiens et 34 chats) étaient considérés comme à risque élevé car issus d’un foyer dans lequel a minima un cas de COVID-19 humain avait été diagnostiqué. Le second, à risque modéré, était constitué de 38 animaux (16 chats et 22 chiens) dont le statut des propriétaires était inconnu. Les deux groupes d’animaux ont été prélevés entre les mois de mai et juin 2020. Parmi les animaux à risque modéré, seul un chat présentait des anticorps contre le SARS-CoV-2. En revanche, dans le groupe à risque élevé, plus de 20% des animaux (8 chats et 2 chiens sur les 47 animaux) se sont révélés positifs, ce qui suggère une circulation virale plus importante qu’anticipée initialement. Ces infections ne se sont pas traduites par la présence de signes cliniques, ce qui confirme que l’infection des animaux domestiques par le SARS-CoV-2 est largement asymptomatique en conditions naturelles.
Cette enquête sérologique ne permet pas d’identifier de manière catégorique l’origine de la contamination, mais le fait que le risque pour un carnivore domestique d’être infecté par le SARS-CoV-2 soit 8,1 fois plus élevé s’il réside chez une personne positive au COVID-19 constitue un fort argument de l’origine humaine de l’infection. Les prochains travaux auront pour but de confirmer les travaux réalisés par d’autres équipes montrant que les animaux infectés en conditions naturelles excrètent peu le virus et, ainsi, ne constitueraient pas un risque pour l’Homme. Ils se traduiront par des analyses sérologiques à plus grandes échelles incluant une recherche directe du virus dans les voies respiratoires d’un grand nombre de chiens et de chats. Dans l’attente de connaissances plus précises, et afin de protéger nos animaux de compagnie, nous rappelons la recommandation de l’OIE, de l’Académie nationale de médecine et de l’Académie vétérinaire de France d’éviter de les mettre en contact avec des personnes infectées par le SARS-CoV-2.
Les résultats de cette étude ont été publiés dans le journal One Health sous le titre suivant : High prevalence of SARS-CoV-2 antibodies in pets from COVID-19+ households