Ce jeudi 1e décembre 2022, VetAgro Sup a inauguré sa nouvelle salle d’autopsie BSL3 (Biosafety Level 3) sur son campus vétérinaire, en présence d’Emmanuelle Soubeyran, directrice générale adjointe de l’alimentation, Gabriele Fioni, recteur délégué pour l’enseignement supérieur, la recherche et l’innovation et Bruno Ferreira, directeur régional de l’agriculture, l’alimentation et la forêt. Cet équipement est destiné à accueillir des projets d’expertise, de recherche et de formation exigeant l’autopsie complète ou des prélèvements à réaliser sur des animaux susceptibles d’être infectés par des agents pathogènes du groupe 3 [1], c’est-à-dire des agents biologiques pouvant provoquer une maladie grave chez l’homme et constituer un danger sérieux pour les travailleurs. Des bactéries communes, comme l’agent de la tularémie, de la tuberculose bovine, de la brucellose ou encore le virus de l’influenza aviaire entrent par exemple dans cette catégorie.
Au-delà du domaine d’intervention du pôle Expertise Vétérinaire et Agronomique Animaux Sauvages (EVAAS), ce nouvel équipement de pointe sera mis à la disposition de tous les projets ayant besoin de ce niveau de biosécurité, quelle que soit l’espèce, y compris des animaux domestiques pour lesquels une suspicion de maladie due à un agent pathogène de type 3 serait présente.
Équipements & fonctionnement
La salle d’autopsie BSL3 peut accueillir des animaux de taille petite à moyenne (jusqu’à 50 kg environ) et a notamment été conçue pour des animaux sauvages. Compte-tenu des interactions entre animaux domestiques et sauvages et des risques de transmissions zoonotiques, il est en effet nécessaire d’améliorer notre connaissance des agents pathogènes présents dans la faune sauvage. La surveillance des zoonoses issues de la faune sauvage fait ainsi partie des actions programmées dans le cadre du 4ème Plan National Santé Environnement, la salle pourra contribuer à cet objectif.
D’une dimension de 24m², la salle remplit les conditions requises par l’annexe IV de l’arrêté du 16 juillet 2007 [2] concernant les mesures de confinement à mettre en œuvre dans les salles d’autopsies où les travailleurs sont exposés à des agents pathogènes du groupe 3. Elle abrite un équipement complet de manière à éviter l’entrée et la sortie de matériel (appareil photo, microscope…). La salle est équipée d’un sas à double entrée avec des portes asservies pour l’entrée des personnels et d’un sas à double entrée avec chambre froide pour l’entrée des carcasses, permettant le stockage des corps arrivant en dehors des périodes de fonctionnement.
Elle possède également un poste de sécurité microbiologique qui permet de réaliser des autopsies de petites espèces dans des conditions de biosécurité supplémentaires et une zone d’observation en sas propre, pour que des observateurs non participants puissent voir l’intérieur de la salle.
Tous les déchets sortants sont décontaminés par autoclavage (technique de stérilisation des DASRI – Déchet d’Activités de Soins à Risques Infectieux – utilisant la vapeur d’eau saturée sous pression ou l’eau surchauffée).
La salle sera gérée en interne directement par le pôle EVAAS. Selon les modalités de convention, le pôle pourra apporter son expertise technique et scientifique aux projets utilisant la salle ou bien celle-ci pourra être utilisée par des partenaires en autonomie, en suivant des protocoles prédéfinis de biosécurité.
Conception & financements
Conçue à l’initiative du pôle EVAAS, la construction de la salle a été financée par VetAgro Sup. Son équipement est financé par la Direction Générale de l’Alimentation du ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire dans le cadre de la convention de financement 2017-2022 du pôle EVAAS ainsi que par le consortium des laboratoires de recherche lyonnais en infectiologie dans le cadre du projet InfectioTron[3].
La salle a été conçue avec de nombreux partenaires techniques susceptibles de l’utiliser tels que les laboratoires vétérinaires départementaux de la région, l’Anses de Nancy ou encore l’Office Français de la Biodiversité et le réseau SAGIR avec qui des projets sont déjà initiés.
[1] Voir la Présentation simplifiée de la classification réglementaire des agents biologiques : https://www.inrs.fr/risques/biologiques/reglementation.html
[2] https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000000465273/2022-11-28/
[3] L’EquipEx InfectioTron, coordonné par l’Université Claude Bernard Lyon 1, vise à développer l’écosystème lyonnais pour mettre en œuvre le concept du « One Health » (Une Seule Santé) dans le domaine des maladies infectieuses émergentes. Ce projet ambitieux mobilisera 10 structures de recherche (LBBE, CIRI, IVPC, MMSB, LBTI, IGFL, LEM, RS2GP, MAP, BF2I), 5 institutions académiques (Université Claude Bernard Lyon 1, ENS Lyon, VetAgro Sup, INSA, EPHE) et 3 organismes nationaux de recherche (CNRS, INSERM, INRAE). https://www.univ-lyon1.fr/actualites/actu-recherche/infectiotron-une-approche-de-sante-globale