L’étude maillage est un mémoire collectif rédigé dans le cadre du master PAGERS (Politiques de l’Alimentation et Gestion des Risques Sanitaires) dispensé à Sciences Po Lyon et à l’ENSV-FVI, école interne de VetAgro Sup. Cette étude est le fruit du travail d’un groupe d’études des politiques publiques (GEPP) composé de 6 étudiants, 1 étudiante de Sciences Po Lyon et 5 étudiants inspecteurs de santé publique vétérinaire de VetAgro Sup. Elle a été réalisée essentiellement sur la base d’entretiens sur le terrain de novembre 2020 à mars 2021. Le Conseil Départemental de l’Isère, interpellé par certains éleveurs et vétérinaires exerçant une activité rurale, a commandité cette étude pour identifier des leviers pour limiter la baisse du nombre de vétérinaires ruraux sur son territoire au profil contrasté.
Quelle méthodologie ?
Lors de cette étude, des entretiens semi-directifs ont été réalisés en physique avec divers acteurs participant au maillage vétérinaire. En tout, trente entretiens ont été effectués en Isère, en binôme dont 15 vétérinaires, 11 éleveurs et un élu du Conseil Départemental répartis sur tout le territoire de l’Isère, ce qui représente un échantillon assez important d’acteurs de terrain. Ils sont concentrés particulièrement sur le Sud de l’Isère où la problématique a été clairement identifiée par un groupe de travail piloté par le Conseil Départemental (constitué de la DDPP, du GDS et de l’association de vétérinaire Véto 38).
Restitution du GEPP le 20 avril 2021 en Isère
Quels résultats à cette étude ?
L’étude a dans un premier temps permis de confirmer un pressentiment, une importante disparité de situations du maillage vétérinaire existe sur le territoire isérois, en lien avec la situation de l’élevage et la topographie. En effet, il existe en Isère des zones de plaines avec des élevages de taille plus conséquentes et des zones de montagne où les exploitations plus clairsemées opèrent de manière traditionnelle. Ces caractéristiques influent directement sur l’activité vétérinaire et semblent « sélectionner » les profils de praticiens.
Dans les zones avec une bonne densité d’élevages, ils semblent plutôt pragmatiques, recherchent une rentabilité économique de l’activité vétérinaire rurale tout en maintenant une bonne balance avec leur vie privée. Ils sont en mesure de continuer à développer leurs capacités et d’offrir des services de qualité aux éleveurs.
Dans les zones de montagne où l’élevage est plus traditionnel et peu rentable, les vétérinaires sont souvent obligés de pratiquer une activité mixte pour des questions économiques. L’activité rurale est souvent opérée comme un sacerdoce, un service aux éleveurs, qui les amènent à jongler entre les emplois du temps et à avoir un rythme de travail difficilement soutenable sur le long terme et mettant en péril leur santé.
Aujourd’hui, même si des démarches sont entreprises par un groupe d’acteurs locaux, les visions de la problématique du maillage et de ces enjeux divergent encore, les éleveurs, premiers concernés, ne sont de plus pas directement impliqués dans la réflexion. Pour que des solutions efficaces soient trouvées, il est nécessaire d’impliquer tous les acteurs et de construire une stratégie commune et adaptée aux différentes zones du département.
Quelles suites ?
Cette étude a été présentée aux différentes parties prenantes de cette problématique en Isère. Ainsi, le 20 avril 2021 étaient présents les vétérinaires, les éleveurs et leurs représentants (chambre d’agriculture, GDS) mais également des élus (président du département, président de la communauté d’agglomération porte de l’Isère (CAPI) et des représentant de l’Etat. Cette étude a donc permis de sensibiliser les différents acteurs et de mettre ce dossier à l’agenda. Les élus sont encore dans l’attente du décret d’application de la nouvelle loi DADDUE qui permettra aux collectivités territoriales de s’investir dans le soutien à l’installation de nouveaux vétérinaires. Dans cette attente, toutes les parties prenantes, pilotées par le conseil départemental de l’Isère, sont toutefois déjà au travail et réfléchissent à des mesures concrètes afin d’engager les vétérinaires dans un dispositif comparable à celui mis en place depuis plusieurs années par le département pour lutter contre les déserts médicaux.