Les Rencontres Nationales Travail en agriculture, organisées par le Réseau mixte technologique (RMT) travail en agriculture et co-animées par l’Institut de l’Elevage, VetAgro Sup et les Chambres d’agriculture de Bretagne, constituent un rendez-vous incontournable des acteurs du développement, de la recherche et de la formation s’intéressant au travail des actifs agricoles (chefs d’exploitation, salariés). Pendant deux journées, les participants ont partagé leurs avancées dans le domaine du travail en agriculture, confronter leurs points de vue et envisager de nouvelles collaborations pour les années à venir. 110 étudiants ingénieurs agronomes de VetAgro Sup ont eu la chance de participer à ces rencontres afin de mieux comprendre la diversité et la complexité de ce sujet, de prendre conscience des enjeux liés au travail et à ses transformations mais aussi de découvrir les métiers des acteurs qui s’intéressaient à cette problématique.
Ingénieure de recherche à VetAgro Sup et co-animatrice du RMT Travail en agriculture, Sylvie Cournut nous explique dans quel but a été pensé la 5e Rencontre Nationale Travail et comment nos étudiants ingénieurs agronomes ont été impliqués dans ce projet.
Quel est votre parcours ? Comment avez-vous intégré le RMT Travail en agriculture ?
Après une thèse sur la modélisation du fonctionnement de troupeau ovin (2001) qui s’intéressait à l’articulation entre décisions des éleveurs et réponses biologiques des animaux, je me suis intéressée à la prise en compte du travail des éleveurs dans la caractérisation du fonctionnement des systèmes d’élevage.
Le poids de cette thématique dans mes travaux de recherche s’est amplifié au fil des années, de par mon investissement dans des projets ANR (Agence Nationale de la Recherche) internationaux dans lesquels je pilotais des Work Package sur le travail dans les exploitations d’élevage.
J’ai rejoint le Réseau mixte technologique (RMT) Travail en Elevage peu après son lancement en 2008, puis animé l’axe « durabilité sociale » à partir de 2014. Depuis 2019, date de l’élargissement du réseau aux productions végétales, je coanime le RMT Travail en agriculture qui compte aujourd’hui 50 partenaires de l’enseignement, de la recherche et de la formation.
Si je me suis progressivement investie dans cette thématique, dans le développement et l’animation du RMT, c’est parce qu’on ne peut pas raisonner le devenir de l’agriculture sans prendre en compte le travail de ceux qui la font.
Dans quel but a été pensé la 5e Rencontres Nationales Travail en agriculture ?
Les Rencontres Nationales Travail constituent un rendez-vous important permettant aux acteurs du développement, de la recherche et de la formation s’intéressant au travail des actifs agricoles, de partager leurs avancées dans le domaine, confronter leurs points de vue et envisager de nouvelles collaborations pour les années à venir. Elles sont organisées tous les 5 à 6 ans sous un format présentiel de 2 jours. Les thématiques abordées et les contenus sont réfléchis en amont avec les membres du RMT qui s’investissent fortement dans l’organisation et l’animation de ces journées, tout en faisant appel à des personnes ressources extérieures au réseau. Cette année, les rencontres ont eu lieu à Clermont-Ferrand les 8 et 9 novembre et ont rassemblé près de 250 participants.
Quels sont les objectifs de ces rencontres ?
Les formats variés (interventions plénières, ateliers thématiques et de co-construction, comice des expériences de terrain, pièce de théâtre, documentaire/débat) ont abordé de nombreuses questions relatives au travail en agriculture comme les transformations du travail accompagnant la transition agroécologie ou le développement du numérique, la santé des travailleurs, le renouvellement des actifs, ou encore la place des femmes et des salariés.
Les enjeux du travail en agriculture sont indissociables de ceux de l’agriculture et de son évolution dans les territoires et la société. Ils incitent les partenaires du RMT à s’intéresser davantage aux salariés dans leur diversité, aux formes émergentes de travail (fermes collectives, délégation, agriculture urbaine…) et à mieux appréhender le traitement politique du travail (plan d’emploi agricole territorial, responsabilité dans les enjeux de santé…), tout en continuant à œuvrer pour améliorer la vivabilité et l’attractivité des métiers agricoles.
Comment nos étudiants ont-ils été mobilisés sur ces journée ?
La possibilité d’une participation des étudiants de VetAgro Sup a fait partie des critères dans le choix du lieu (Clermont-Ferrand). Nous avons en effet associé de nombreux étudiants ingénieurs agronomes : options A2E, Calice, AEST, M1 et M2 Gloqual mais aussi les M1 du master GTDL (en savoir plus sur les options). Au total, ce sont 110 étudiants qui ont participé à tout ou partie de ces rencontres. Leur participation aux rencontres était différente en fonction de leur formation et de leur option mais l’objectif commun était de mieux comprendre la diversité et la complexité de ce que recouvre cette question du travail, d’acquérir des connaissances dans le domaine, de prendre conscience des enjeux liés au travail et à ses transformations et de découvrir les métiers des acteurs qui s’intéressaient à cette problématique. Ils devaient ainsi écouter, interroger, échanger, en participant aux plénières, aux ateliers et en découvrant les différents outils et expériences présentés.
Pour les AEST (Agriculture Environnement Santé Territoire), la participation aux rencontres s’insérait dans un module spécifique sur le travail en agriculture d’une semaine. En plus de la participation aux différentes séquences, ils devaient interviewer des participants pour découvrir leur métier et les lier aux questions de travail en agriculture. Ils ont ensuite débattu de ce qu’ils avaient compris, appris, expérimenté pour construire ensemble un Exprescience d’une heure durant lequel ils ont partagé cette expérience. Les Expresciences sont des cafés scientifiques internes à l’établissement permettant d’associer la science à un moment de partage et de convivialité. Le but étant de débattre autour de thématiques qui sont au cœur de VetAgro Sup mais aussi qui nous posent question dans la vie de tous les jours.
La participation de l’option CALICE (Concevoir et accompagner l’innov’action en agronomie) aux Rencontres s’insérait aussi dans un module spécifique qui traitait du travail des agriculteurs et plus particulièrement de la délégation des travaux liées aux productions végétales. Durant le module, les étudiants ont réalisé des enquêtes auprès d’agriculteurs céréaliers de Limagne et analysé les données récoltées ainsi que celles recueillies par les étudiants de 1ère année durant leur période de stage (juillet – août 2022) Ils ont, tout comme les AEST, participé aux 2 jours de rencontres en écoutant et échangeant avec les participants, mais aussi en présentant les résultats de leur travail.
Pour les autres options, le format était plus léger avec souvent une seule journée de participation précédée d’une séquence introductive. Mais les objectifs de leur participation restaient les mêmes et la séquence de débriefing organisée les jours suivants a permis de vérifier que les rencontres les avaient fait cheminer.
Qu’est-ce-que cette rencontre leur a apporté ?
Cette participation a été l’occasion pour les étudiants d’aborder les transformations de l’agriculture et ses enjeux sous un angle qu’il n’avaient pas l’habitude de considérer, mais dont ils ont compris la pertinence et potentiellement de questionner leur vision de leur futur métier.
La participation importante des étudiants et la qualité de leur implication ont été soulignés lors de la conclusion et ont apporté une réelle plus-value à ces journées.