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Stage tutoré, interview d’Alexandra Ducloux

Alexandra Ducloux arrive au terme de ces études de vétérinaire à VetAgro Sup. Elle a choisi de réaliser cette dernière année d’approfondissement en stage tutoré. Ce système permet aux structures vétérinaires habilitées exerçant en milieu rural d’accueillir un étudiant de 6e année pour un stage de longue durée. Arrivée il y a cinq ans à l’école de Lyon avec l’idée de faire de la canine, les rencontres et la passion de la montagne d’Alexandra vont finalement lui ouvrir les portes de la pratique vétérinaire en rurale. 18 semaines de stage en Savoie plus tard, son expérience lui a permis de déboucher sur une proposition d’embauche et sur la perspective d’un travail saisonnier, alliant ainsi ses deux passions. Découvrez son parcours dans cet interview.

Qui êtes-vous et pourquoi avez-vous choisi de faire votre année d’approfondissement en stage tutoré ?

Je m‘appelle Alexandra, j’ai 24 ans et je suis originaire de Haute-Savoie. Je suis actuellement en dernière année à l’école de Lyon (diplômée 2022). Passionnée de montagne, j’ai grandi au grand air mais l’élevage m’était complètement inconnu. J’ai fait deux stages d’une semaine en seconde et en première qui ont fini de me décider pour ces longues études.

Après deux ans de prépa à Grenoble, je suis rentrée à l’école vétérinaire avec l’idée en tête de faire de la pratique canine. Pourtant, je rêvais secrètement de soigner des animaux sauvages de montagne, notamment car je me sens concernée par le dossier des bouquetins du Bargy qui se trouvent dans la montagne en face de la terrasse de mes parents. Je rêvais de faire des sorties de terrain au grand air dans les montagnes en tant que vétérinaire. Le stage « Bovin laitier » de première année m’a apporté de nouvelles perspectives : pourquoi ne pas me lancer dans la rurale finalement ? Passer mes journées à l’extérieur dans des fermes me plaisait beaucoup. Pourtant, au début, je me suis mis des barrières : qu’est qu’une femme pas du tout issue du monde agricole allait bien pouvoir apporter aux éleveurs qui font ça depuis des années ? Grâce à mes stages, j’ai pu rencontrer de nombreuses femmes exerçant en rurale, pas toutes issues du milieu, et toutes m’ont encouragée à poursuivre dans cette direction et ont fait tomber ces limites imaginaires.

J’ai besoin de me sentir légitime dans ce que je fais, de prendre confiance avec des actes pratiques et d’être confrontée à des situations de terrain pour progresser. On a tous remarqué qu’il y a autant de manière de faire que de vétérinaire et il m’arrivait de m’y perdre lors de mes stages. J’ai donc choisi de faire une 6ème année tutorée pour apprendre avec les mêmes vétérinaires pendant six mois avec l’idée qu’ils me transmettent leur façon de faire pour devenir autonome sur certains actes.

Dans quelle structure avez-vous été accueilli ?

J’ai fait mon tutorat en Savoie, en zone AOP Beaufort, au cœur des montagnes. La structure est composée de quatre vétérinaires associés, deux exerçant en rurale pure et deux en canine pure. L’équipe est complétée par une jeune ASV en formation sur deux ans. L’activité de la clinique est essentiellement laitière, très axée reproduction (inséminations, échographies pour suivi de reproduction, gestion des mammites…). En canine, les spécialités sont l’échocardiographie, l’ostéopathie, l’acupuncture et la phytothérapie. La clinique dispose d’un parc d’analyseur complet (NF, biochimie, temps de coagulation, ionogramme, analyses urinaires…), d’une radio numérique et d’un échographe performant.

J’ai cherché ma structure d’accueil dès le début de ma 4ème année et mon critère principal était la localisation : en montagne ! Élément essentiel dans mon équilibre de vie, je voulais pouvoir y être   pendant l’hiver. J’ai recensé les cliniques des Alpes qui prenaient des tutorés et j’ai organisé mes semestres de A5 pour avoir mes stages en début d’année. C’était une condition nécessaire pour pouvoir rencontrer les cliniques potentielles avant février, échéance de dépôt de dossier des structures. Je cherchais également une petite équipe pour trouver une homogénéité dans la façon dont les actes sont réalisés ainsi que pour avoir la possibilité de reproduire les gestes afin de les acquérir. Après un stage de deux semaines en septembre 2021, j’ai enfin trouvé mon bonheur.

Quand je suis repartie de la structure à la fin de ma première période de stage de cinq semaines, je me suis dit : « Quoi, déjà ? ». Cela aurait été déjà terminé si j’avais fait une 6ème année en rurale pure. J’étais très contente de pouvoir revenir, car je sentais bien que je n’avais fait qu’effleurer la surface du potentiel d’apprentissage que ma structure d’accueil avait à offrir.

En quoi a consisté exactement cette année en stage tutoré ?

L’année de tutorat, c’est 18 semaines de stage réparties en trois périodes de six semaines. En fonction de l’activité de la structure, les périodes de stage s’étendent de septembre à fin janvier ou de novembre à fin mars.

Ces périodes sont entrecoupées de semaines de retour à l’école où certains tuteurs interviennent sur un sujet de leur choix (mise en place d’un service copro dans une clinique, fonctionnement d’une clinique conventionnée, initiation à la phytothérapie…) et une simulation d’entretien d’embauche. Il n’y a plus de cours à proprement parler mais à-cela s’ajoutent deux semaines de présences aux hôpitaux bovins et une semaine de module de formation. Ce qui laisse deux à trois mois pour la thèse.

Au cours du tutorat, on est essentiellement encadré par nos tuteurs de stage mais les enseignants sont là pour faire des bilans réguliers et intervenir s’il y a un souci avec la structure d’accueil. L’élément sur lequel j’ai le plus progressé, ce sont les suivis de reproduction : j’ai pu faire beaucoup d’échographies transrectales en étant suivi par mes deux vétérinaires (environ 300 je pense), ce qui m’a énormément apporté. C’est le genre d’acte qu’il faut réaliser régulièrement pour y arriver et sans le tutorat, ça aurait été un peu plus compliqué.

Qu’est-ce-que cette année vous a apporté concrètement ?

En résumé, cette année m’a apporté beaucoup, aussi bien en termes de compétences pratiques que de réflexes pour des prises de décision. C’est souvent la pratique qui fait peur car l’école prépare à la démarche diagnostique. Se rendre pour la première fois en exploitation, réussir à faire un diagnostic mais savoir que cela va nécessiter de faire un « drench » ou une perfusion IV, tout en sachant qu’on ne l’a réalisé qu’une seule fois à l’école et qu’on a vu quelques vétos le faire en stage, ce n’est pas rassurant du tout ! Surtout qu’on se dit que cela restera la première impression de l’éleveur. Ainsi, pouvoir faire ses premières expériences accompagnées d’un vétérinaire sur une période de six mois, c’est vraiment top pour apprendre.

Finalement, ce tutorat a débouché sur une proposition d’embauche et sur la perspective d’un travail saisonnier. L’activité rurale étant très réduite en été, je projette de travailler comme Accompagnateur Moyenne Montagne et cette année de tutorat m’a également permis de préparer l’examen probatoire de ce Brevet d’Etat ! De quoi allier mes deux passions !